La retenue aval

Dans le cadre des appels à projet ICRA, nous avons étudié l'impact cumulé de 2 retenues sur un cours d'eau, au sein d'un consortium réunissant le SYCOPARC, le laboratoire LIVE et l’ENGEES de Strasbourg, le laboratoire CEDETE, le CEREMA et Aquabio. Ce consortium nous a permis d'aborder la question complexe de l'impact cumulé des retenues au sein d'une équipe transdisciplinaire, aux approches diversifiées, avec des moyens plus importants que ceux initialement prévus dans le cadre des appels à projet (participation financière de chaque membre du consortium).

Les résultats de nos suivis, qui nous ont réservé quelques surprises, ont été présentés à l'OFB à Vincennes en novembre 2021.

En voici les faits saillants :

(1) L’étude a été réalisée sur un bassin versant avec très peu de pressions anthropiques (= peu de facteurs confondants, idéal pour identifier les impacts des retenues)

(2) L'impact cumulé intègre une retenue amont en série, et une retenue aval en dérivation

(3) D’après la bibliographie et la thermie réalisée en continu, l’impact attendu le plus fort concerne la retenue amont

(4) Les indices biologiques cours d’eau diatomées et invertébrés contredisent cette hypothèse (avec un très faible niveau de certitude) une très légère amélioration de l’état du cours d’eau entre les 2 retenues, et une légère altération en aval de la retenue aval

(5) Notre indice BECOME (Bioévaluation des ECOsystèmes Mares et Etangs) indique que la retenue amont est en état moyen, et la retenue aval en mauvais état (berges verticales artificielles, forte activité de pêche & empoissonnement en cyprinidae) , conduisant à un état turbide.

Résultats de l'indice BECOME et de ses sous-métriques pour la retenue aval, indiquant une altération majeure de la diversité, des fonctions et de l'intérêt conservatoire de la retenue aval

(6) L’analyse fonctionnelle des traits invertébrés, des guildes et de l’autoécologie des diatomées en cours d’eau confirment (a) la légère amélioration du cours d'eau entre les 2 retenues (en lien probable avec l'hypothèse de la perturbation intermédiaire), et l’altération du cours d'eau en aval, (b) la contamination du réseau trophique par le phytoplancton et autres particules fines en suspension en provenance de la retenue aval.

 

L'analyse des guildes de diatomées indique une contamination du cours d'eau en aval par des diatomées planctoniques, et une plus forte fréquence relative des diatomées motiles, indice d'un colmatage.

Cette contamination est confirmée par l'analyse des traits alimentaires des invertébrés, avec une plus forte fréquence relative des invertébrés filtreurs.

(7) En conclusion, l’état fonctionnel écologique d’une retenue (en lien avec sa conception et ses usages) peut avoir plus d’impact sur les cours d’eau que sa position dans le bassin versant et son effet sur la thermie du cours d’eau.

(8) Quand effacer une retenue n’est pas possible ou pas souhaitable, améliorer sa fonctionnalité – avec l'aide de l’indice BECOME qui permet d’évaluer et comprendre son fonctionnement, ses sources de dysfonctionnement et proposer des solutions durables fondées sur le fonctionnement spécifique des plans d'eau peu profonds - peut permettre de limiter son impact sur le cours d’eau associé, et favoriser l'installation ou le maintien d'une faune et d'une flore à intérêt patrimonial dans la retenue.

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