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Poissons exotiques en Guadeloupe : un impact fort sur la biodiversité des étangs

Après une mission en Guadeloupe,dans le cadre d’un appel à projet Parc National de Guadeloupe, Frédérique LABAT, notre responsable R&D a décidé d'utiliser les données produites pour publier un papier sur les mares insulaires tropicales. Un exercice difficile pour plusieurs raisons :

- la littérature scientifique sur les mares tropicales, insulaires ou non, est quasi inexistante (d'où l'intérêt d'une publication sur ce thème)

- le jeu de données était petit (moins de 30 sites), il fallait donc trouver un sujet adapté : mettre en lumière un phénomène dont les tendances sont suffisamment lourdes pour donner des résultats statistiquement significatifs et robustes.

L'impact des poissons introduits a été analysé sur la composition et la structure des invertébrés dans 24 mares de l'archipel de la Guadeloupe étant attendu d'après ses travaux précédents que les poissons sont un déterminant majeur des communautés d'invertébrés. Deux régimes d'empoissonnement ont été examinés, l'un avec des Poeciliidae seuls, l'autre avec des Poeciliidae associés à des Tilapia.

Après une première rédaction et présentation au Parc National de Guadeloupe, Frédéric LABAT a proposé Jean-Nicolas Beisel, du laboratoire Live, un des spécialistes français des EEE aquatiques, d'être co-auteur, ce qu'il a accepté avec plaisir. Le manuscrit y a évidemment gagné en qualité!

L'article démontre un impact significatif sur les invertébrés, et plus largement sur la résilience des mares, avec un impact probable sur le fonctionnement des écosystèmes environnants (les animaux terrestres trouvant moins de ressource alimentaire).

Trois hypothèses ont été testées : les poissons non indigènes (1) modifient la composition et la structure des communautés d'invertébrés ; (2) modifient la structure trophique des mares ; et (3) affectent les niveaux supérieurs de fonctionnement par la réduction potentielle de la dispersion aérienne des invertébrés. Si l'impact des Poeciliidae sur la structure de la communauté d'invertébrés était faible, leur effet sur la composition de la communauté était fort, les densités d'hémiptères, d'odonates et de coléoptères étant plus de dix fois inférieures dans les mares avec Poeciliidae par rapport aux mares sans poissons. Les densités relatives des prédateurs macro et micro-invertébrés ont diminué, tandis que celles des microphytes se sont accrues, ce qui suggère des effets à la fois descendants et ascendants. Le tilapia, lorsqu'il était associé aux Poeciliidae, avait tendance à atténuer ces impacts. À des niveaux fonctionnels plus élevés, la densité relative des invertébrés capables de se disperser par voie aérienne a diminué dans les mares avec Poeciliidae, ce qui suggère un impact systémique sur la résilience des mares et le réseau trophique des écosystèmes environnants.