Nous avons recherché les populations de moules d'eau douce patrimoniales au Mans avant leur sauvegarde par déplacement.
On vous raconte?
Saviez-vous que des trésors écologiques se cachent dans l'Huisne, la rivière qui traverse Le Mans ? Nous sommes heureux de vous présenter un aperçu de notre étude en cours sur les moules d'eau douce patrimoniales, ou naïades.
Parmi elles, la Mulette des rivières (Potomida littoralis) et l’Anodonte des rivières (Anodonta anatina) ont été identifiées lors d’une étude menée par AQUABIO, à la demande de Le Mans Ville et Métropole, dans le cadre d’un projet de restauration de la continuité écologique du barrage de l’Epau.
🎯 Cette mission s’inscrit dans un contexte de travaux visant à améliorer l’état écologique de l’Huisne, notamment par la création d’une passe à poissons, la restauration des berges et l’optimisation des installations hydroélectriques. La présence de ces espèces protégées a nécessité la mise en place d’une étude spécifique, intégrée au dossier d’autorisation du chantier.
L’étude s’est déroulée en quatre grandes phases :
1. la recherche d’une population patrimoniale
2. l’identification d’un site d’accueil adapté,
3. le déplacement des individus et enfin,
4. le suivi des populations relocalisées.


Les premières phases, réalisées en décembre 2023, ont permis de localiser les moules grâce à des prospections visuelles en plongée 🤿 et à pied et grâce à l’utilisation de telliniers, instruments facilitant la recherche d’individus enfouis dans le substrat.
Les résultats ont confirmé la présence de Potomida littoralis et d’Anodonta anatina sur plusieurs quadrats inventoriés, permettant d’estimer les effectifs et de mieux cerner les enjeux de conservation.
L’opération de transfert réalisé par la suite a permis de préserver 102 moules (31 Potomida littoralis et 71 Anodonta anatina) menacées par les travaux à venir. Les moules ont été réinstallées dans de bonnes conditions sur le site d’accueil préalablement défini.
Pour le suivi, 44 individus déplacés (29 A. anatina et 15 P. littoralis) ont été équipés de PIT TAG, auxquels se sont ajoutés 4 P. littoralis natifs du site d’accueil. Un mois après le déplacement, le suivi a montré que 83 % des moules déplacées ont pu être retrouvées sur la placette de suivi. Les 25 individus recontactés visuellement étaient tous en vie, ce qui est rassurant pour la réussite de l’opération.
✅ En conclusion, la population déplacée semble s’être globalement bien adaptée à son nouveau site un mois après l’opération, même si le suivi reste partiel. Une prochaine campagne annuelle, dans de meilleures conditions de visibilité, permettra d’affiner l’évaluation de la survie et de la mobilité des individus.
Ce travail illustre l’importance d’intégrer la préservation des espèces patrimoniales dans les projets d’aménagement tout en soulignant l’engagement Le Mans Ville et Métropole en faveur de la biodiversité locale.
Pierre Clarté